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    Les grandes Phases de la vie politique (1919-1939): de l'illusion au mythe.

     

    -1919-1924 le « Bloc national »:

    -Une Chambre « bleu horizon » (novembre 1919): fermeté face à l'Allemagne, anticommunisme, ordre moral et social (grèves de 1920 réprimées), alternance de laxisme budgétaire et de pression fiscale.

    -Des gouvernements d'union nationale marqués à droite: Millearand (janv-sept 1920), Briand (janv 1921-janv 1922), Poincaré (janv 1922 – juin 1924).

     

    -1924-1926 Le « Cartel des gauches »:

    -Majorité relative pour les listes uniques radicaux/socialistes aux législatives de juin 1924 face à des droites divisées.

    -Des gouvernements radicaux (Herriot juin 1924- avril 1925) ou républicains-socialistes (Painlevé, Briand), soutenus par la SFIO, avec l'appoint des centristes.

    -Une nouvelle orientation: détente internationale, laïcité militante, apaisement social.

    -L'échec financier du Cartel (le « mur d'argent »): fuite des capitaux, maladresses de gestion, chute du deuxième ministère Herriot (21 juillet 1926)

     

    -1926-1932 La domination des modérés:

    -Le gouvernement Poincaré d'Union nationale sans la SFIO (juil 1926- juil 1929): rétablissement financier, rapprochement avec l'Allemagne.

    -Victoire de la droite modérée aux législatives de 1928: gouvernements Briand, Tardieu (nov 1929- déc 1930 et fev 1932) et Laval (janv 1931-fév 1932) sans les radicaux: « politique de la prospérité » (retraite du combattant, assurances sociales et grands travaux), durcissement international, premiers effets de la crise.

     

    -1932-1936 Des gouvernements de coalition impuissants:

    -L'éphémère retour de l'Union des gauches (1932-1934): instabilité des gouvernements radicaux (Herriot, Daladier, Sarraut, Chautemps) sans participation de la SFIO, inaction économique et financière, difficulté sociales et agitation des ligues.

    -7 février 1934: démission de Daladier après les émeutes de la veille, basculement de la majorité vers le centre droit incluant les radicaux.

    -Cabinets Doumergue (fév-nov 1934), Flandin (nov 1934- juin 1935), Laval (juin 1935-janv 1936): échec de la réforme de l'Etat, décrets-lois financiers contestés.

    -Montée du « Rassemblement populaire » antifasciste (1934-1935): PCF, SFIO, raicaux, syndicats, associations de gauche (programme « Le pain, la paix, la liberté »).

     

    -1936-1938 Le Front populaire:

    -Victoire étroites de la gauche aux élections d'avril-mai 1936: Blum chef du gouvernement (participation radicale, soutien communiste).

    -Mai-juin 1936: grèves massives et occupations d'usines (7-8 juin 1936 accords de Matignon); mesures économiques et sociales (le « bel été 36 »), promotion des loisirs populaires (sport, culture), dissolution des ligues.

    -Les difficultés du Front populaire (automne 1936-1938): « non-intervention » en Espagne critiquée, « pause » dans les réformes (fév 1937), dévaluation et déficits financiers, renversement de Blum par le Sénat (juin 1937, gouvernement Chautemps/

     

    -1938-1939 L'agonie du Front populaire:

    -Chute du deuxième ministère Blum « d'Union nationale » (mars-avril 1938).

    -Gouvernement Daladier et rupture de la coalition de Front Populaire: virage libéral, échec de la grève du 30 nov 1938 contre les décrets-lois de Reynaud, coalition des radicaux et de la droite ( déc 1938), priorité à la Défense nationale.


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    Is small is beautiful?Microstoria, Alltagsgeschichte et micro-histoire, une autre histoire sociale.

     

    Dans les années 1970, il y eut une remise en cause es modèles dont celui des Annales et particulièrement le modèle labroussien:

    -la « nouvelle histoire » développée dès 1975 avec l'ouvrage collectif Faire de l'Histoire (1974).

    -publication en 1971 par Paul Veyne de Comment on écrit l'histoire? Il yu défend l'idée que l'histoire ne doit pas se mouler dans les sciences exactes, sans que cela n'empêche qu'ele soit scientifique.

    -le retour du politique, rejeté par les Annales, illustré par les travaux sur la République Française.

    En matière d'histoire sociale, ces remises en causes visent le modèle labroussien en raison de son inspiration marxiste ou marxisante. Christophe Charle lance une série de rélexxions sur l'histoire sociale:

    • réflexion des élèves de Labrousse souhaitant faire évoluer le modèle (Vovelle, Corbin).

    • Celle plus affirmée, menée par une nouvelle génération d'historiens des années 1970, avec la volonté de s'intéresser aux minorités, aux exclus et non plus aux masses comme Labrousse. Se développent des travaux sur les pauvres, la criminalité, les femmes => passage 'une histoire des femmes à une histoire du genre. Intérêt pour la sexualité, l'enfant, le corps... Dans ce contexte prennent place les travaux de Michel Foucault.

    • Celle plus radicale venant de l'étranger: l'Alltagsgeschichte (histoire de la vie quotidienne) et la microstoria d'Italie.

    Ces remises en causes sont marquées par une regain d'intérêt pour l'individu, mais qui n'a plus rien à voir avec les grands hommes.

     

    I/Des masses à l'individu.

    L'histoire sociale labroussienne ne s'intéressait qu'aux masses, aux groupes sociaux et leurs rapports, sans place pour l'individu. Le renversement a lieu dans les années 1970.

    A/Le groupe par l'individu: la prosopographie.

    Démarche typique de l'histoire sociale qu'est cette prosopographie: reconstitution du profil social d'un groupe à travers la reconstitution des destins individuels des membres de ce groupe. On dresse une sorte de portrait-type. Le système est utilisé sur les fermiers généraux, les financiers des règnes de Louis XIII et Louis XIV.

    Ces études se sont focalisées pour l'essentiel sur les serviteurs de l'Etat, car c'est sur eux que l'on a le plus de sources.

    La prosopographie a permis le renouvellement de l'histoire politique, proche des perspectives défendues par R. Mousnier dans le débat ordres/classes.

    B/L'individu pour lui même: la biographie.

    Retour de la biographie pour l'histoire sociale dans les années 1970-1980. Ce sont des biographies rédigées par des universitaires et dont les contours ont changées. Elle n'est plus l'étude d'un homme mais celle d'un homme dans son milieu, son temps, son époque. F. Dosse parle d' « exemplification »: illustration d'une pratique, d'une croyance à travers un individu.

    Capacité de généralisation de la biographie, plutôt que de concentration.

    1. Febvre, Rabelais ou le problème de l'incroyance au XVIe./ G. Duby/ J. Le Goff Saint Louis.

    Développement 'une réflexion théorique sur le genre biographique menées par Giovanni Levi, un des représentants de la micro-histoire et F. Dosse, Le pari biographique.

    C/L'Alltagsgechichte allemande.

    Sources d'inspirations britanniques avec Ed. Thompson. Cette Alltagsgechichte est caractérisée par le fait que ce courant émerge comme une rupture avec l'histoire sociale allemande inspirée des Annales, à laquelle elle reproche d'ignorer les petites gens. Il y a une volonté de se concentrer sur les faits de la vie quotidienne, seule pouvant reconstituer la cohérence des comportements, saisir les réalités par en-bas.

    Attention portée désormais à l'étude du contexte, avec un cadre spatial limité (quartier, village). Insistance sur le fait que tous les individus, y compris les plus pauvres ont une autonomie d'action, une marge de liberté: rupture avec les postulats de Labrousse.

    Cette Alltagsgechichte n'aura finalement que peu d'influence en France, si ce n'est à travers la publication d'un ouvrage collectif, sous la direction de P. Lüdtke, et un article de J. Schlumbohm (2004) (voir la biblio pour les titres) Cf Doc 4.

     

    II/Le point de vue de l'individu: la Microstoria.

     

    Elle est d'origine italienne et ne concerne pas que l'histoire moderne. Cette microstoria a pour principe de se situé à l'opposé de l'histoire quantitative et sérielle puisqu'il s'agit d'étudier des cas très particuliers et de traduire des univers mentaux et relations sociales à partir de ceux ci.

    A/Le cas Menocchio: l'exception normale.

    Etudié par C. Ginzburg avec 2 ouvrages:

    -Les batailles nocturnes: sur les rites agraires proche de la sorcellerie dans le Frioule italien au XVIe) => Menocchio est donc un meunier du XVIe qui a fini brûlé mais qui a été jugé 2 fois par l'Inquisition (beaucoup de documents). Ginzburg cherche à trouver un paradigme de l'indice: une nouvelle méthode avec 2 idées principales:

    -leçon de méthode historique: idée qu'il ne faut pas être prisonniers des catégories préfabriquées; car si l'on s'en tien aux catégories sociales ce meunier aurait dû être analphabètes. Or des pièces du dossier montre le contraire. Certes il existe une culture sociale, mais c'est un autodidacte, qui sait lire et écrire et à une culture savante qui lui permet de penser l'origine du monde (différente de celle de la Bible), de montrer une tolérance religieuse (toujours par rapport à l'Inquisition).

    -question sur le bien fondé de cette méthode avec la question de la représentativité de Ménocchio.

    Si l'histoire du meunier est représentative, alors la Microstoria, reviendrai juste à étudier en détail des cas que l'on ramène à une norme générale. (proche de la biographie).

    Si ce cas n'est pas représentatif, position défendu par Ginzburg, on peut développer l'idée qu'à travers l'exception on arrive à saisir la norme. C'est une idée « d'exception normale » qui va finir par définir la Microstoria. Doc 5.

    B/Penser la société à partir des relations sociales.

     

    Labrousse pensait la société selon l'étude des masses. La Microstoria veut renouveler les grilles de lecture de la société; on le voit avec Levi dans Le pouvoir au village... (biblio). C'est l'histoire d'un prêtre exorciste et de la société dans laquelle il vit. On y retrouve l'étude du marché de la terre (?), des prix de ventes... pour comprendre le fonctionnement social de ce marché. Normalement la logique économique veux que plus la terre est bien placée plus c'est cher. L'auteur découvre que en réalité le prix de la terre s'explique selon des logiques familiales avec le paradoxe que plus c'est proche plus les prix sont élevés. Il en conclut que se sont les relations sociales qui détermine le prix de la terre.

    Il propose donc un changement dans l'histoire sociale, qui trouve un certain écho en France mais provoque aussi des critiques.

     

    III/Une greffe incomplète en France.

     

    Les traductions des ouvrages de Lévi et Ginzburg donne lieu à des critiques sur la question des sources. La plupart des vraies études de microstoria sont appuyées sur des documents exceptionnels: ce n'est pas le quotidien des populations du XVIe-XVIIe. Cette critique est repoussée par l'idée « d'exception normale » de Ginzburg.

    A/Une vision trop unanimiste de la société.

    L'histoire sociales des années 1960-1970 reposait essentiellement sur une histoire des groupes sociaux et de la lutte des classes.

    La Microstoria, en se focalisant sur les liens entre les individus à une vision différente, s'intéressant plus aux liens qu'aux individus. On obtient une vision unanimiste de la société, où l'individu est doté d'une stratégie libre, où les comportements sont indépendants de leur place dans la société: ce qui n'est pas vraiment le cas.

    B/Pas une, mais des échelles.

    Pour pallier aux défaillances, les historiens proposent de travailler sur des échelles. Cette cause est défendue par M. Vovelle, labroussien, qui bien que séduit par Ginzburg, défend une étude sérielle qui est essentielle. Doc 11. Les histoires sont donc complémentaires.

    Doc 12: Lepetit plaide pour une multiplication des échelles d'études en intégrant la quête d'une exhaustive inaccessibilité.

     

    Conclusion: En quelques années on est passée d'une histoire sociale des groupes à une histoire sociale centrée sur l'individu. Cette histoire sociale se rapproche de la voie voulue par R. Mousnier, avec une étude des solidarités entre les groupes (pas que d'opposition, escamotage des conflits, histoire où la notion d'inégalité est devenu très ou trop secondaire). C'est un retour de balancier qui nécessiterait peut être un recadrage.


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    La France du XIXe siècle. 1814-1914. Francis Démier, Points Histoire, Seuil

     

     

    Deuxième partie: La conquête de la démocratie (1840-1880)

     

    VI/Les hiérarchies de la France censitaire (les années 1840).

     

     

    A/Le « système Guizot ».

    B/Les notables: une nouvelle élite.

    C/La France paysanne.

    D/Le monde des « petits ».

     

    VII/Des « années décisives ».

     

    Les années 1840 sont un tournant majeur de la société française vers la modernité économique politique et culturelle.

     

    A/La modernisation de la France.

    B/L'élargissement des horizons culturels.

    C/Le libéralisme en procès.

    D/Une nouvelle opposition de gauche.

     

    VIII/La crise du milieu du siècle (1846-1851).

     

    La proclamation le 2 mars 1848, suite aux journée du 25 et 26 février, du suffrage universel permet à la France de prendre de l'avance sur les autres pays européens sur la voie de la démocratie. Mais cela ne jette pas les bases d'une nouvelle stabilité, après l'effondrement rapide du « système Guizot ». Cet avènement du suffrage universel s'inscrit dans un période de 3 crises:

    -crise conjoncturelle qui commence en 1846 et ouvre la voie à la révolution de février.

    -crise née de la révolution et du mouvement social précipitant l'échec de la république citadine.

    -crise se développant de 1849 à 1851 suite à une tentative de république paysanne et qui trouve son issue dans le coup d'Etat de 1851.

    A/L'avènement du suffrage universel

     

    1-La monarchie libérale en crise. La crise qui emporte la monarchie de Juillet conjugue les traits d'une crise de type Ancien Régime (crise de subsistances, crise agricole de sous-consommation) et une crise de type nouveau, capitaliste de surproduction.

    La crise de subsistances est liée aux mauvaises récoltes et recul de la production en 1846. Les prix en 1847 ont doublé par rapport en 1845. Cela réduit la part de revenu dévolu à l'achat de biens durables, donc à une volonté de réduction d'une production trop importante, l'arrêt de ses comma,de à la fabrique, dispersées entre les paysans qui en tiraient un revenu d'appoint. Cela s'accompagne de son cortège d'émeutes de la faim. Les troubles opposent 2 visions: les « petits » ruraux veut taxer les blés, les garder dans la région tandis que les notables et autorités pensent que le marché va se réguler de lui même et encouragent la circulation des marchandises. La peur sociale se répand en France devant la flambée de violence et la répression sévère qui exaspère les antagonismes sociaux.

    S'ajoute à cela une crise du crédit mettant en difficulté de grandes industries capitalistes, liée en partie à la spéculation sur la construction ferroviaire et le retrait de fonds anglais, mais aussi à l'achat de blés étrangers et donc à la perte de métal précieux (551 M en or). Les conséquences par répercussion sur la métallurgie sont lourdes, et le chômage entraîne en plus une baisse des salaires.

    Si la récolte de 1847 améliore la situation, l'effet social de la crise se prolonge.

     

    2-La « féodalité financière » mise en accusation.

    3-La réforme électorale au coeur des débats. La crise économique et sociale a pris un tour insurmontable car le système politique n'offrait aucun relais véritable au mécontentement. La majorité guizotiste, largement composé de députés fonctionnaires, fait penser qu'il n'existe plus d'alternative pour infléchir la politique du gouvernement. C'est parmi des monarchistes, les « conservateurs progressistes » que se développent un mouvement favorable à la réforme, mené entre autres par Tocqueville.

    Au début 1847, l'opposition à Guizot s'unit sur la revendication de l'abaissement du cens à 100 francs. Ralliant les républicains, cette mesure, si modérée soit-elle est refusée par Guizot qui s'accroche et refuse toute ouverture et ne conçoit le salut du régime que dans l'immobilité. Pour mobiliser le « pays réel », une campagne de banquets à l'anglaise commence à l'été 1847. D'abord réformistes et bourgeois avec Odilon Barrot et Duvergnier de Hauranne, ils prennent une teinte plus tranchante avec des leaders républicains comme Arago, Ledru-Rollin ou Louis Blanc. Mais cela ne mobilise pas en profondeur la province et le gouvernement campe sur sa position et fait interdire le banquet du 22 février 1848 à Paris.LEs réformateurs s'inclinent, mais les républicains sont plus déterminés.

    4-La révolution de février. Un poignée d'étudiants et de meneurs parisiens des sociétés secrètes répond au défi du gouvernement et manifeste le 22 février. Les troubles s'étendent mais ne mettent pas en danger le régime immédiatement au soir. Le 23, l'infanterie de ligne ne rétablit guère l'ordre avec entrain et c'est la garde nationale qui est envoyé, alors même qu'elle est hostile à Guizot et au roi. Les gardes nationaux se contentent de protéger els boutiques, car elle est constitué en grande partie d'artisans et de boutiquiers. Guizot démissionne, sans que cela ne calme la foule. Un cortège est pris sous le feu de gardes et on déplore 13 morts. Les barricades fleurissent et la capitale est aux mains des insurgés qui repoussent sans grand mal l'armée peu motivée.

    Le pouvoir bascule en quelques heures sans affrontements majeurs dans les mains des chefs républicains, les rédacteurs en chef de La Réforme et du National, ainsi que les chefs de quelques sociétés secrètes. Le roi abdique et s'enfuit. Lamartine réussit à calmer la foule en armes, et à l'Hôtel de Ville se constitue un gouvernement provisoire: les proches du National républicain bourgeois et modéré dominent (Arago, Marie, Crémieux, Dupont de l'Eure 81 ans et ancien révolutionnaire, Ledru-Rollin). Mais l'attention se porte sur l'entrée dans le gouvernement de Louis Blanc journaliste à la charnière des milieux socialistes et républicains; et Albert, premier ouvrier à siéger dans un gouvernement.

    Le poids des modérés apparaît de suite dans les atermoiements pour proclamer la République. Lamartine concède la République mais tient tête au peuple en réussissant à conserver le drapeau tricolore face au drapeau rouge en faisant vibrer le sentiment national.

     

    B/La République fraternelle.

     

    1-La poussée du « social ». L'identité de la nouvelle République apparaît avec l'abolition de la peine de mort pour raison politique et une déclaration de paix pour le monde. La république s'affiche fraternelle, répudiant la Terreur de l'an II. Elle est fondée sur la conciliation des classes et ouverte à tous.

    Démocratique, la République se fonde sur le suffrage universel masculin, les femmes pensées comme incapable de choix politique autonome. On passe de 250 000 électeurs à 9 M. Le peuple fait irruption dans la vie politique, et cet acquis est irréversible. La garde nationale est démocratisée dans son recrutement.

    Sous la pression des ouvriers, qui ne veulent pas d'une nouvelle « trahison de 1830 », la République doit prendre des mesures sociales. Lamartine et Blanc font proclamer le « droit au travail » et la nécessité « d'organiser le travail ». Le 26 février se mettent en place des ateliers nationaux, qui occupent les chômeurs à des travaux publics. Mais ceux ci sont plus proches des anciens ateliers de charité que du projet de Louis Blanc. Un autre décret limite le temps de travail à Paris à 10h, 11 en province. Pour la première fois, un gouvernement légifère en matière sociale et s'attaque au problème du chômage.

     

    2-La France en République. La révolution emporte la France dans « l'illusion lyrique » durant 7 semaines. En province, la République n'a pas été un conquête mais un état de fait dû à la disparition du régime de Louis-Philippe. Les forces de la République y étant très minces, son établissement est tributaire de l'action de « commissaires de la République ». On voit émerger une relève de notables, républicains du lendemain, qui font du régime une « monarchie de Juillet démocratisée ».

    Dans la capitale le consensus autour de la République est plus convaincant.

    A l'initiative de Carnot est lancé un projet éducatif novateur: afin de favoriser la promotion de nouvelles couches sociales, il projette une école primaire publique, laîque et gratuite, émancipée des notables locaux, assortie de l'obligation scolaire et soutenue par des bourses afin de promuvoir une nouvelle méritocratie. Les arts se libèrent.

     

    3-La république est un fête. Effervescence autour de la constitution de nouveaux symboles républicains. Le buste de Marianne de Dubray est installé dans toutes les mairies avec le bonnet phrygien, accompagnée du niveau égalitaire et de la poignée de main fraternelle.

     

    C/La République face au socialisme.

     

    1-Le conflit de classes dans la République fraternelle.

     

     

     

    D/La République conservatrice à la recherche de l'ordre socialisme

    E/La République dans l'impasse

     

    IX/Les républicains à la conquête de la République (1870-1879)

    A/L'« année terrible) (1870-1871)

    B/Thiers: la République sera conservatrice

    C/La droite sans issues

    D/La percée républicaine.

     

    1-Gambetta: retour de 1789. Le sens politique de Gambetta a joué un rôle décisif dans l'enracinement républicain après la guerre franco-prussienne. Dans un courant républicain très divisé, il a su définir une ligne générale et s'imposer avec une équipe de fidèles à la tête de l'Union républicaine puis de l'ensemble du « parti républicain ». Il devient le fondateur du républicanisme de gouvernement, transformant le parti républicain pour le rendre crédible., se rapproche de l'idée d'un parlementarisme britannique, mais puise aussi dans la tradition française n recréant l'unité de l'ancien tiers état face aux tentatives de restauration.

    Il présente la République comme un régime de réconciliation, répudie l'analyse longtemps soutenue par les républicains d'une opposition villes/campagne et écarte l'idée d'une « dictature de Paris » brandie par les communards. La priorité est pour lui la conquête des campagnes, où se trouve la clef de la majorité dans un système de suffrage universel. Il faut donc entreprendre leur éducation politique pour les arracher à l'influence des notables bonapartistes ou monarchistes, sans pour autant effrayer les propriétaires ruraux.

    Gambetta insiste sur des thèmes: le paysan fils de la Révolution, affranchi de la féodalité et étendant son emprise sur la terre. L'image de la République s'éloigne de l'idée de révolution sociale, l'ennemi désigné n'est plus le « gros » comme en 1849-1851 mais les « blancs » et leur alliée l'Eglise. La République, loin du spectre « rouge » brandi par les « blancs », se construira par la promotion pacifique des petits et des classes moyennes au sens large.

     

    2-Une République moderne. La République va donner sa pleine dimension à un mouvement de progrès économique économique et social qui porte en avant des classes moyennes. Il n'existe plus de classes mais seulement des citoyens, pas de question sociale mais des problèmes sociaux qui seront résolus par la démocratie politique. La référence à 1789 n'est pas la source d'une révolution nouvelle, mais la promesse d'une intégration de tous dans la démocratie moderne.

    Le monde ouvrier, dans un système qui compte les voix, n'est qu'un appoint car numériquement faible. Très attachés aux libertés, les républicains émettent toutefois des réserves sur la liberté d'association qui permettrait l'existence de syndicats, antichambre de la lutte des classes.

    Comme Jules Ferry, Gambetta est un positiviste, admirateur d'Auguste Comte. Le combat républicain optimiste s'alimente d'une croyance dans le progrès indéfini de l'homme et de la conviction que le triomphe de la République annonce une ère dans laquelle les sociétés seront gérées selon des règles scientifiques, celles de la « physique sociale » qui remplacera la religion.

    Ce combat républicain se structure autour de l'anticléricalisme. L'opposition à l'Église est politique mais aussi philosophique car la République est le triomphe de la raison, de la science qui doit se substituer à la religion par les progrès de l'éducation. L'école élémentaire doit devenir l'outil de la culture démocratique, lieu de mobilité sociale par excellence fondée sur le talent et le mérite.

    Cette idéologie républicaine entre comtisme et morale néo-kantienne prend teinte lorsque les militants s'adressent à la France avec des références au passé, la Révolution française prenant valeur de lige de clivage entre la France du passé, faite d'injustices et d'obscurantisme clérical et la France nouvelle, où les droits naturels de l'individu sont reconnus, où le peuple devient souverain et la raison illumine la société.

     

    3-Le « parti républicain ». A l'Assemblée, autour de Gambetta s'est constitué un groupe parlementaire, l'Union républicaine. Dès 1874, Gambetta rompt avec les radicaux, et se montre partisan de l'opportunisme, transformant le parti républicain en parti de gouvernement.

    Sur sa gauche se dessinent 2 tendances:

    -l'extrême-gauche: anciens 48ards (Blanc, Schoelcher, Hugo) recueillant l'héritage affaibli du socialisme.

    -les radicaux (Clémenceau, Pelletan) défendant le très démocratique programme de Belleville.

    Plus modérés on retrouve la Gauche républicaine (Ferry, Grévy, Simon) hostile à l'Eglise, socialement conservatrice, parlmentariste; et d'anciens orléanistes hommes d'affaires. Ceux ci forment le centre gauche qui rejoignent par étape les partisans d'une République très modérée. Le parti républicain bien qu'informel existe néanmoins dans la mesure où tous les clivages de groupe s'efface derrière l'idée de défense de la République.

     

    4-Une machine électorale efficace.

    5-Les républicains au coeur de la République

     

    E/L'épreuve de force entre la droite et les républicains.

     

    1-Le compromis impossible entre les républicains et Mac-Mahon. Les élections législatives de 1876 donnent une large majorité de républicains, mais le régime est encore très peu républicain d'esprit. Elle est présidée par le monarchiste Mac-Mahon et « tenue » par un Sénat conservateur. Alors que dans un premier temps l'effacement progressif du projet monarchiste et clérical se déroule sans heurts, les cléricaux et les ultramontains agitent la vie politique. Ils réclament l'intervention de la République pour libérer le « pape prisonnier dans Rome ». Les républicains sortent de leurs réserves d'alors avec Gambetta pour dénoncer cette montée du cléricalisme sur la scène politique. Mac-Mahon réagit en exigeant la démission de Jules Simon le chef de gouvernement républicain très modéré et prononce avec l'accord du Sénat la dissolution de la chambre le 25 juin 1877. L'effet immédiat est de faire voler en éclat l'alliance des centres et de tomber dans un combat frontal entre la droite et la gauche.

     

    2-Les républicains garants de la stabilité. Lors de la campagne électorale, la droite épaulée de façon criante par l'Église fait monter la tension et alimente la peur d'un coup d'Etat. Gambetta et ses amis mobilisent eux une machine politique patiemment mise en place depuis des années. Un comité de vigilance commun à l'ensemble des gauches est mis sur pied.

    La stratégie électorale de Gambetta est claire: la dissolution est présentée comme antiparlementaire donc antirépublicaine. Il présente l'ennemi comme uni et menaçant: avec un état-major (les jésuites), des troupes (les nobles). Les républicains s'imposent comme les garants de la paix extérieure, de la légalité, de l'ordre face aux fauteurs de troubles de la droite.

    N privilégiant l'anticléricalisme aux clivages sociaux, le parti républicain rassemble largement jusqu'aux milieux d'affaires et emporte les élections du 14 octobre 1877. Néanmoins le faible écart de voix (600 000 sur 7,8 millions de votants) montre l'âpreté de la lutte.

    3-La république parlementaire. La crise a une grande portée sur le sens des institutions. Née dans l'esprit de Thiers comme un régime présidentiel, la République bascule dans un régime parlementaire. S'impose la prépondérance de la Chambre des députés dans la République. L'effacement du président de la République s'impose comme logique.

    La droite perd vite ses dernières places fortes à l'occasion de renouvellement partiels, avec la majorité au Sénat qui passe chez les républicains.

    Maître des deux assemblées, les républicains demandent qu'on modifie une administration très marquée à droite. Quand « l'épuration » atteint l'armée, Mac-Mahon démissionne le 30 janvier 1879. Le même jour, Jules Grévy est élu président de la République, Gambetta président de l'Assemblée nationale et Waddington forme le nouveau gouvernement. La république est enfin occupée par des républicains.

     

    Troisième partie: La construction de la République (1880-1914)

     

    XI/La République installée (1879-1889).

     

    A/La France de Marianne.

     

    1-De Gambetta à Ferry. S'impose après les élections jusqu'à la fin du siècle une République modérée dont les « opportunistes » ont été les premiers à définir la formule. C'est l'alliance majoritaire du centre gauche, de l'Union républicaine de Ferry et de la Gauche républicaine de Gambetta. Cette union disparaît dès 1885 du fait de l'opposition forte à cette République bourgeoise.

    Cette continuité républicaine n'est pas perçu en 1879. Les monarchistes conservent des postes clefs, et une grande influence dans l'administration et dans la société. L'oeuvre républicaine des années 1880 et la consolidation républicaine prennent donc l'allure d'un combat. Mais le parti républicain laisse entrevoir des dissensions:

    -les orléanistes ralliés autour de Dufaure et Léon Say forment la tendance la plus modérée, le centre gauche.

    -les opportunistes: Gambetta et Ferry

    -les radicaux Clémenceau, Rochefort et Naquet décidés à aller jusqu'au bout de la républicanisation de la France et immédiatement: suppression de la présidence de la République, du Sénat, rétablissement du divorce, remplacement de l'armée permanente par des milices, impôt sur le revenu, lois de protection sociale étendu, séparation de l'Église et de l'Etat, école primaire laïque, gratuite et obligatoire.

    Le clivage qui décide de la composition des gouvernements est l'opposition au sein du centre de l'Union républicaine de Gambetta et la Gauche républicaine de Ferry. Gambetta a été tenu à l'écart du pouvoir depuis 1879 par Jules Grévy hostile à son charisme et sa popularité. Mais les élections de 1881 apportent une majorité écrasante aux républicains consolident l'Union républicaine puisqu'il a 200 députés sur 450 républicains. Elle comporte dans ses rangs de grands bourgeois de progrès comme Waldeck-Rousseau mais est dominée par les hommes des couches nouvelles.

    Gambetta se distingue de Ferry en souhaitant plus d'Etat face au marché et au libéralisme. Il dénonce les monopoles qui menacent la démocratie (chemin de fers), soutient l'association ouvrière. Son patriotisme fait de sa formation celle qui incarne le mieux le projet silencieux de reconquêtes des provinces perdues. La Gauche républicaine, bourgeoise et libérale, reste méfiante devant la mise en place d'une « organisation partisane ».

    En novembre 1881 se constitue le « grand ministère » de Gambetta et pour seulement 3 mois. Ne comportant aucun des grands leaders opportunistes, il ne permet pas à Gambetta de faire passer son programme et est renversé par une coalition hétéroclite de républicains et de droite. Sa mort accidentelle en 1882 ouvre la voie à Ferry qui rallie les hommes de qualité de toues les mouvances républicaines modérés et va installer pour une courte mais décisive périodes une majorité qui instituera les assises de la République.

    2-Les valeurs de la République. La République des opportunistes se veut d'abord un régime politique qui assure la liberté d'expression et l'affrontement pacifique de toutes les tendances. Domine la préservation de l'individu face aux excès de l'exécutif. Il n'existe pas de doctrine officielle de la République, et le comtisme apporte une confiance dans la science qui justifie l'anticléricalisme.

    Dans la pratique politique les opportunistes sont hostiles à toute forme de dictature ou d'autoritarisme. L'attachement au droit, à la légalité, l'emporte sur toute volonté de légitimation par la masse. Ils rejettent l'idée bonapartiste de l'appel au peuple par dessus les institutions.

    La crise du 16 mai conforte leur volonté de subordonner l'exécutif au législatif dans un système parlementaire.

    Les républicains se placent dans le sillage de toutes les formules politiques dont le but a été d'assumer et de clore la Révolution de 1789. En reconnaissant l'existence de conflits structurels dans la société et en organisant leur coexistence dans le débat démocratique et parlementaire ils ouvrent la voie à une société pacifiée. La révolution et la violence politique perdent toute légitimité.

    L'idée d'une alternance politique des majorités se heurte toutefois à la conviction qu'il existe une légitimité républicaine profonde excluant les adversaires « réactionnaires » de l'exercice du pouvoir dans une « République absolue » (O.Rudelle). Les républicains nient l'existence des classes et d'une question sociale. Il n'existe que des citoyens que le suffrage universel a rendu intelligents par la diffusion de l'instruction qui permet de réformer la société et de construire une République intégratrice avec la promotion sociale.

     

    3-La politique des « grandes libertés ».

     

     

    B/La laïcisation de l'école et de la société.

    C/Le risque d'un déclassement économique de la France.

    D/La puissance française compromise.

    E/Le défi boulangiste à la République bourgeoise.

     

    XII/La République conservatrice contestée (1889-1899).

     

    A/L'élargissement de l'assise républicaine.

    1-L'Eglise et la République: le ralliement

    La défaite du boulangisme semble pour beaucoup sellé le sort des royalistes; Les radicaux sont aussi affectés, beaucoup s'étant placés dans le sillage du général. Le courant radical en ressort divisé, tenu à l'écart par les opportunistes. De la même façon, les socialistes sont divisés: les blanquistes ont suivi le général tandis que les broussistes apportaient leur appui au gouvernement républicain.

    La position des opportunistes n'est pas non plus favorable. En 1889, ils parviennent à faire renaître un réflexe de défense républicaine et ont obtenu le soutien large de la paysannerie. Mais ils n'ont plus depuis les élections de 1885 de véritable majorité à la Chambre. La République modéré trouve un nouveau souffle par l'apport inattendue des catholiques. Cela permet aux opportunistes, appelés maintenant « progressistes » une nouvelle assise pour se maintenir au pouvoir jusqu'à la fin du siècle.

    Les catholiques, devant les lois anticléricales de l'époque de Jules Ferry, et craignant un retour des pratiques de 1789 se sont placés dans le camp royalistes, et très vite dans le camp boulangiste, assimilé dans leur esprit à un combat de la République laïque.

    Au tournant des années 1890, les républicains pensent avoir gagné la bataille en faveur de la laïcisation de la société française. Une large partie des française continue de fréquenter l'Eglise, au moins pour les moments solennels: mariage, baptême... Les Français s'installent pour la plupart dans une position pragmatique de compromis entre une foi religieuse plus ou moins affichée et le soutien à une République qui finit pour beaucoup par se confondre avec les institutions. Reste que si un grand nombre de catholiques a accepté le régime républicain, le « parti clérical » reste crispé sur son hostilité à la République.

    Cette situation connaît un changement avec l'élection en 1878 de Léon XIII, pour succéder à Pie IX pape de la contre-révolution. Léon XIII, plus politique, n'père aucun retrait mais dans sa volonté de consolider une société chrétienne face à la montée des marxismes et anticléricaux, il semble convaincu que les catholiques doivent changer de comportement. En 1892, il invite à ne plus confondre catholicisme et monarchie. La « voie du ralliement » est ouverte par le cardinal Lavigerie d'Alger qui invite les catholiques à se rapprocher de la République.

    Cette orientation de Rome est accueilli de façon mitigé par les catholiques français. Néanmoins beaucoup se rallient la République pour ne pas être en opposition avec Rome et dans l'espoir de faire évoluer la République. Les plus sincères sont les catholiques sociaux dans le sillage d'Albert de Mun, pensant que le combat essentiel est de rechristianniser le peuple, plus que de lutter contre la République. Il souhaite créer en France un grand parti chrétien social et associer ouvriers et patrons dans des organisations communes d'esprit paternalistes. Une démocratie chrétienne s'engage en parallèle à s'attaquer à la question sociale, animés par des abbés démocrates, parfois élus, comme l'abbé Lemire.

    Un autre courant du ralliement est conservateur, autour des assomptionnistes et du journal La Croix. Ils veulent créer un parti de défense religieuse, catholique de droite, qui fera triompher leur thèses.

    La tendance qui domine le plus est celle de se rallier aux opportunistes pour constituer avec eux un grand parti conservateur attaché à la défense sociale et déterminer à résister au socialisme. Ce courant issu en majorité de l'orléanisme et lié aux milieux des affaires constitue à la Chambre des députés le groupe de la droite constitutionnelle en 1890.

     

    2-Le réveil de l'Eglise.

    3-Des opportunistes aux progressistes.

     

     

    B/Une politique conservatrice.

    1-La nouvelle peur sociale.

    La République des progressistes est différentes de celles des fondateurs. Son électorat s'est gonflé des voix conservatrices et catholiques. Parmi ceux là, la crainte de la poussée d'un mouvement social, d'une nouvelle aventure de type boulangiste populiste, l'emporte sur l'idée de changement de régime. La République des progressistes (Sadi Carnot, Casimir-Périer, Félix Faure) se définit largement par son refus du radicalisme, son conservatisme et son tempérament « bourgeois ». Leur but n'est plsu de défendre la République comme les opportunistes dans les années 1880, mais de défendre l'ordre social, d'endiguer la poussée socialiste et de rejeter dans l'opposition les radicaux, soupçonné de sympathie pour l'extrême-gauche.

    Cette république conservatrice trouve on expression la plus claire dans le gouvernement de Jules Méline de 1896 à 1898. Le souci de la stabilisation sociale passe en effet par un approfondissement de l'aliance entre les paysans et le pouvoir républicain. Il milite pour le maintien d'une France paysanne nombreuse face aux dangers sociaux de la grande ville. La défense du paysan voit sa sa signification s'inverser: ancrage de la République dans les valeurs progressistes de 1789 pour Gambetta, c'est le synonyme de conservation sociale pour Méline. Il durcit la protection douanière des prix agricoles, amortissant la baisse des prix. Mais la politique de Méline a aussi contribuer à la modernisation du paysan propriétaire par le soutien au crédit, à la coopération et à la syndicalisation agricole.

    2-Menace anarchiste et raidissement politique. L'image de la République conservatrice se forge aussi dans lutte contre le mouvement social et les défis violents lancés par les anarchistes. Les grèves sont réprimées brutalement par l'armée, peu apte à répondre aux conflits du travail. Le 1er mai 1891 à Fourmies, lors de la première grève en faveur de la revendication des 8 heures, la troupe débordée tire et fait 9 morts. De 1892 à 1894, une vague d'attentats anarchistes s'en prend à des figures du personnel politique républicain, pour atteindre un régime qui est confondu avec la défense de l'ordre bourgeois. Auguste Vaillant lance une bombe dans l'hémicycle en 1893. Parce qu'il n'a pas accordé sa grâce à Vaillant et Ravachol, Sadi Carnot est assassiné le 24 juin 1894 par Caserio. Des « lois scélérates » sont votés en dépit de l'opposition de gauche contre la provocation par voie de presse, s'attaquant aussi aux socialistes souvent confondus avec le danger anarchiste.

    La majorité rejette l'impôt sur le revenu, idée des radicaux. En matière religieuse, les progressistes lancent une politique d'apaisement sous l'impulsion des milieux catholiques. Si les lois ne sont pas abrogées, elles ne sont appliquées qu'avec mollesse par le pouvoir. Des congrégations interdites reviennent et de nouvelles se créent.

    Pour sortir de son isolement sur la scène internationale, la France se rapproche en 1888 de la Russie. La voie est tracée par le jeu subtil des diplomates et des banquiers, qui tirent profit de la soif de capitaux qu'éprouve la Russie pour lancer enfin son industrialisation. La visite d'une escadre française à Cronstadt en 1891 rend l'entente avec la Russie publique. Cette victoire diplomatique et stratégique peut être mis au compte des progressistes. Mais la République, sensible en matière de libertés, s'est allié avec un tsar des plus rudes autocrates. La critique de la gauche reste ténue du fait du patriotisme qui domine sur les questions de politiques internationales., et l'on peut espérer désormais face à l'Allemagne l'appui du « rouleau compresseur » russe.

    Au fil de l'expérience progressiste, se met en gestation une tentative de formation d'un grand parti conservateur capable de dominer la République. Mais cela est un échec, les progressistes restent un parti politique de cadres , n'arrivant pas à se doter d'une assise nationale solide. Le Grand Cercle républicain lancé en 1898 par Waldeck-Rousseau ne va pas au delà d'un club de républicains modérés. En effet, la majorité des députés de la majorité de Méline, qui ont accepté sur le terrain parlementaire de mettre à mal le grand parti républicain dont ils ont hérités, ont continué localement à se faire élire sur un programme républicain beaucoup plus classique. L'expérience Méline est rapidement considérée, non pas comme un voie vers l'avenir, mais comme un retour en arrière, vers l'ordre moral voire l'orléanisme.

     

    C/Les radicaux, gardiens de l'identité républicaine.

    1-Intransigeants et réalistes. Les radicaux peuvent se prévaloir d'être les gardiens d'une longue tradition républicaine forgée dans les années 1840 dans la lutte en faveur de la démocratie.

    Mais ils ont infléchi leur programme politique, lorsqu'ils ont pris conscience du risque que représentait la volonté de révision de la Constitution. Ils ont renoncé à demander la suppression de la Présidence de la République et du Sénat devant leur résistance à Boulanger. Ils restent parfois ambigu envers le pouvoir, certains acceptant l'idée de participer à un gouvernement avec les progressistes pour enrayer un glissement à droite. (Léon bourgeois). La gauche démocratique qui se veut modérée s'oppose à un radicalisme intransigeant dans le groupe radical-socialiste derrière Camille Pelletan. Les radicaux, hostiles au marxisme et au bouleversement révolutionnaire, attachés à l'impôt progressif, à la petite propriété démocratisée ou associée pour faire disparaître le salariat, trouvent chez Léon Bourgeois et sa doctrine du « solidarisme » une voie originale pour la République. L'individualisme doit y être borné par la solidarité, le libéralisme amendé par des institutions sociales et tempéré dans un idéal humanitaire.

    2-Le glissement vers la province. Le courant radical se structure peu à peu à partir de comités solidement implantés en province. Ces comités, d'origine électorale, tissent des liens entre eux de solidarité, deviennent permanent et développent au niveau local une pratique active de la démocratie. Dans les années 1890 ils s'organisent au niveau départementale. Et amorcent par des fédération de comités les structures d'un véritable parti, différent des organisations politiques traditionnelles gravitant autour d'un journal. Après ls élections de 1885, l'implantation des radicaux évolue. Ils reculent dans les villes face aux nationalistes et dans le « midi Rouge » devant les socialistes. Mais opèrent une percée dans le Sud-Ouest qui devient leur bastion, avec La dépêche de Toulouse. Les radicaux gagnent du terrain face aux progressistes, offrant la perspective d'une relève républicaine. En 1898, ils receuillent 27% des suffrages exprimés.

     

    D/Une nouvelle opposition de gauche: socialistes et syndicalistes.

    1-L'impossible unification des socialistes. Avec l'écrasement de la Commune, c'est l'idée même d'une insurrection révolutionnaire parisienne s'imposant à toute la France qui est remise en cause. Dans la tradition proudhonienne, on peut penser que le socialisme doit se construire à la base dans des luttes économiques sans tomber dans le piège de la politisation. L'idée de voir dans le socialisme un horizon pour la République démocratique est ébranlée. A l'étranger, d'autres pistes sont ouvertes, avec la poussée de la social-démocratie allemande.

     

     

    E/L'extrême-droite contre la République.

     

    XIII/Une « renaissance » républicaine (1899-1911).

    A/La conscience française déchirée: l'affaire Dreyfus.

    B/La « défense républicaine ».

    C/Clore la guerre religieuse.

    D/Le compromis social républicain.

     

    1-Une politique sociale dominée par « l'assistance ». Mal intégré dans la mouvance républicaine, le mouvement ouvrier finit même, dans certaines de ces composantes, à considérer la République comme une des expressions politiques de ces ennemis dans la lutte des classes. Cela tient pour une part à la faiblesse des politiques sociales engagées par les républicains. Mais lorsque s'engage une nouvelle étape dans l'industrialisation, la multiplication des conflits sociaux devient un handicap dans la voie de la modernisation de la République.

    Alors qu'en Allemagne, Bismarck met en place un dispositif d'assurances accidents-maladie-retraite conjuguant conservatisme politique et avancée sociale. La France républicaine reste hostile à toute obligation de cotisation, signe de l'autoritarisme allemand face aux libertés françaises. La France défend un système de mutualité, pièce majeur du dispositif républicain, rajeuni par la philosophie « solidariste » de Léon Bourgeois. Une « charte mutualiste » apporte le soutien de l'Etat en 1898 à une mutualité de 1,5 millions de membres.

    En parallèle, l'Etat français a développé un système d'assistance. Celle ci profite à tous, et pas seulement aux ouvriers, dans le droit esprit républicain. La loi sur l'assistanat médical gratuit de 1893 a permis en faisant jouer la solidarité financière des communes, des départements et de l'Etat, d'améliorer l'encadrement sanitaire des campagnes et éviter le flux de paysans vers les hôpitaux des villes.

    Pour le reste, la politique social est tributaire d'un mouvement international qui synchronise des réformes considérées comme indispensable à la grande industrie. En 1898, et la mise en lace d'une loi sur les accidents du travail introduit le principe de risque professionnel en apportant une indemnisation automatique l'ouvrier. En 1874 et 1892, 2 lois ont élargi la protection du travail des femmes (11h/jour, pas de travail de nuit) et des enfants (-10 puis -de 13 ans pour -10h/jour aux - 16 ans).Mais le caractère répétitif des lois montre les limites de leur application, et c'est tardivement en 1902 que se met en place un corps d'inspecteurs du travail salariés.

    2-Un « tiers parti » de la réforme sociale. Waldeck-Rousseau fait appel à Alexandre Millerand comme ministre du Commerce, comprenant le travail. Millerand est lié à un nouveau « tiers parti » de la réforme sociale qui associe les radicaux, des socialistes indépendants mais aussi des catholiques sociaux (Mirman, Fonataine, Viviani). L'importance de ce courant réformateur tient à sa connaissance du système allemand mais aussi à celle des conditions de travail des ouvriers à partir d'études statisiqus par l'Office du Travail (1891) et le Musée social et la Société d'économie sociale.

    Millerand tente de faire passer une politique sociale réformiste qui modifie sensiblement l'idée républicaine de consensus social. Aboutissent deux projets:

    -limitation de la durée du travail à 12h pour les usines avec seulement des hommes adultes.

    -limitation de la durée du travail à 10h pour les usines où travail hommes et enfants.

    Un décret aménage les conditions de travail des entreprises adjudicataires de l'Etat (repos hebdomadaires, horaires réduits), avec l'idée que l'Etat sera désormais le pilote d'une nouvelle réforme sociale.

    Millerand veut réguler par une loi les conflits du travail et donner sa chance au syndicalisme modéré contre le syndicalisme révolutionnaire. Il tente de renforcer les prud'hommes, fait entrer des ouvriers dans le corps des inspecteurs du travail. Mais le projet s'enlise au niveau parlementaire, se heurte à l'hostilité du patronat et du syndicalisme révolutionnaire.

    Le projet réformiste français est repris avec la création sous Clemenceau d'un ministère du Travail. Le problème des retraites fait l'objet de 2 lois:

    -loi d'assistance en 1905 est tenu par les tenants d'un esprit républicain qui ne lie pas l'assurance à une cotisation des salariés.

    -une loi d'assurance débattue en 1910,soutenue par Vaillant et les socialistes favorables au modèle allemand qui donne plus de cohésion à la classe ouvrière et répond aux directives de l'Internationale. La citoyenneté française fonde dans la loi le droit à l'accès à un régime de retraire à partir de 65 ans. La retraite est constitué par des versements des ouvriers et des patrons des travailleurs qui gagnent moins de 3 000 F/ an. Son succès est limité: on l'appelle la « loi pour les morts ».

    C'est encore dans la logique de l'assistance que les progrès les plus sensibles sont faits. La loi de 1905 instaure l'assistance gratuite aux infirmes et incurables et celle de 1913 aux femmes en couches et aux familles nombreuses. Tous les indigents inscrits sur les listes communales peuvent en profiter.

     

    3-L'obstacle du pluralisme social de la République. Le projet réformiste républicain se heurte à des obstacles qui en limitent la portée. La réforme est conjuguée avec une grande brutalité de l'Etat qui redoute le « Grand Soir » promis par la fraction révolutionnaire du mouvement ouvrier. L'Etat, hostie aux syndicats de fonctionnaires est aussi le patron le plus dur (1909: 800 postiers sont révoqués pour s'être mis en grève).

    Un autre obstacle vient du patronat, fondamentalement libéral et hostile à toute « obligation ». Les classes moyennes, enjeu privilégié du pouvoir républicain, sont dans leur majorité hostile une politique sociale dont le coût paraît difficilement supportable à la petite entreprise encore dominante, et l'idée même de sécurité est encore associé à celle d'épargne individuelle et à l'accès à la petite propriété.

    Cela oblige le gouvernement républicain à des contorsions. Et un décalage entre la politique affichée, un esprit progressif, et les innombrables aménagements et dérogations qui affaiblissent beaucoup la portée concrète du dessein social; mais préservent le fragile équilibre entre les différentes composantes de la République. En 1906, à la veille des élections, Clemenceau fiat passer une loi établissant le repos hebdomadaire et conforte à gauche l'image sociale du gouvernement. Mais ce repos est déjà appliquée ans de nombreuses entreprises et constitue en revanche un problème pour la boutique, une des bases du parti radical. La loi agit comme un coup d'épée dans l'eau, puisque là où elle serait utile, dans la petite entreprise, le gouvernement invite les préfets à multiplier les dérogations. La politique du changement du cap réel, la politique social des républicains reste insuffisantes pour marginaliser les oppositions socialistes et syndicales qui lui restent hostiles, précisément parce qu'elles redoutent d'être détournées de leur lutte.

     

    E/Syndicalisme et socialisme aux lisières de la République.

     

    XIV/Les assises économiques et sociales de la République.

    A/La « Belle Époque » de l'industrie

    B/Héritages et inerties sur la voie de la modernisation

    C/Le bourgeois, un modèle républicain

    D/Les ouvriers, des villes aux banlieues

    E/Le paysan et la République

     

    XV/La République, creuset d'une nouvelle culture.

     

    A/Une démocratisation de la culture à pas comptés

    1-Les stratifications culturelles de la démocratie républicaine. Au centre du projet républicain, il y a la conviction que la réussite de la démocratie parlementaire tient à la possibilité de doter les classes populaires d'un nouveau savoir qui les émancipera du cléricalisme, des anciennes élites, de la tentative révolutionnaire. La politique républicaine dépend donc d'un projet culturel. L'idée répond aussi à une demande culturelle très forte de la part des couches populaires qui confondent encore beaucoup l'accès au savoir et l'émancipation politique.

    Si le savoir de l'école républicaine suggère bien l'existence d'une nouvelle culture capable d'unifier la société, cela masque la permanence d'une stratification très forte du paysage culturel.

    Il y a une rupture qualitative entre le savoir de l'école primaire et celui du lycée payant, alors que les boursiers ne représentent que 2% des lycéens. On peut tout juste parler d'une démocratisation de la culture dans la bourgeoisie. A peine 8 000 français obtiennent leur bac chaque année, principalement des garçons et venant de familles déjà très cultivée

    2-La culture classique dépoussiérée. Les lycées, dominées jusqu'alors par les humanités gréo-latines, voient apparaître dans leurs enseignements des cours tendant à rapprocher la culture des jeunes élites de la société positive et scientifique. La scolarisation des filles au secondaire apporte du changement, même si cela ne change pas leur accès à de nouvelles fonctions sociales (Paris: 20 médecins femmes et 1 avocate à la Belle Époque). Mais ce sont de nouveaux acteurs culturels.

    L'élargissement du spectre du savoir progresse à pas comptés. De nouvelles universités sont construites (Sorbonne actuelle, Lyon, Bordeaux...).Le nombre d'étudiants et de professeurs progresse, offrant à la « culture » le cadre d'une institutionnalisation et d'une professionnalisation. Le gros des étudiants reste en médecine et en droit.

    Le champ universitaire gagne en autonomie par rapport aux autorités. Se met en place sur le modèle germanique une Université qui allie recherche et enseignement et ne condamne plus l'universitaire à être un simple reproducteur du savoir établi. Le culte du « savant » alimente la nouvelle religion laïque dans une société française où le catholicisme recule. Un « culte » quasi-officiel est alors rendu à Pasteur et Berthelot.

    La vie intellectuelle devient celle d'un groupe social plus large que précédemment, moins amateur, plus autonome. Les rapports de la culture avec la société en sont modifiés, parce que la vie intellectuelle se mêle alors à la vie concrète et au débat sur le changement de société en cours.

     

    B/Vers une culture de masse.

    1-Un large accès au livre et à l'image. L'un des grands phénomènes culturels qui accompagne la stabilisation de la République est l'apparition d'une nouvelle culture de masse.

    Cette évolution est lié à l'élévation du niveau d'étude et à une industrialisation de la culture. Elle procède d'un abaissement du prix du livre et à une diversification des circuits de distribution et leurs élargissement. De 1850 à 1900 on passe de 10 000 à 30 000 titres publiés. Cette dynamique du marché culturel entraîne l'émergence de professions intellectuelles indépendantes (écrivains, journalistes, savants, publicistes...). DE nouveaux genres s'imposent: le roman policier avec des héros de séries comme Fantômas et Arsène Lupin. L'édition voit s'imposer des entreprises capitalistes très modernes (Fayard, Calmann-Lévy, Flammarion).

    Se multiplient aussi les publications spécialisées: manuels scolaires, presse féminine, bande dessinée.. L'image prend possession de l'environnement, mobilise l'attention des masses et influence leurs choix dans une société où la consommation se renouvelle plus vite ( carte postale, affiche publicitaire, cinéma).

    2-La culture: les voies de la réussite.

     

    C/Les intellectuels divisés sur la direction du progrès

    D/Les libertés républicaines étendues aux beaux-arts

    E/Paris, laboratoire de l'art contemporain


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    Christophe Charle, Histoire sociale de la France au XIXe siècle

     

    Partie II: L'émergence d'une société démocratique.

     

    IV/Une nouvelle classe: les paysans.

     

    La diversité des paysans français sous la IIIe République rend pratiquement impossible leur réduction à un simple schéma social. Individualistes forcenés, les paysans forment le groupe qui parvient à tirer le meilleur parti de s possibilités associatives ouvertes par la République. Le gouvernement dote ce premier lobby économique du pays d'un ministère propre en 1881, de ses programmes scolaires et ferroviaires spécifiques.

    Les paysans constituent d'une certaine façon la première classe née de la démocratie représentative pour des raison électorales évidentes: grande majorité des élus dépend de leur vote.

    L'adhésion des classes rurales reposait sur la pression administrative et la prospérité économique. Le soutien majoritaire des paysans à la République s'est en revanche maintenu sans contrainte externe et malgré Les difficultés économiques. Pour comprendre les alliance politique qu'établira la classe paysanne dans certaines régions, il faut décrire Les mécanismes d'intégration à l'oeuvre, Les effets sociaux de la conjoncture maussade de la fin du siècle et l'évolution régionale des hiérarchies des sociétés paysannes qui coexistent en France.

     

    A/L'intégration nationale.

    1-La France paysanne: vue d'ensemble.

    Le succès de l'intégration résulte de mesures politiques, économiques, et sociales spécifiques.

    L'exode rural: En France, l'agriculture reste le premier secteur d'emploi (42% en 1911) et la population rurale vivant dans des communautés de moins de 2 000 habitants est majoritaire avant la guerre (55,5%).Les 100 à 150 000 ruraux qui rejoignent la ville chaque année ne sont pas forcément des paysans. Ce sont plus souvent des artisans ruraux, concurrencés par l'industrie urbaine, des journaliers attirés par Les salaires plus haut,

    Pour les petits propriétaires qui restent, ces départs sont une aubaine de rachat ou location de terres supplémentaires. La raréfaction de la main d'oeuvre permet aussi aux journaliers restant de négocier au mieux leur salaires, voir d'avoir l'espoir de racheter un lopin de terre.

    Le malthusianisme: La restriction précoce des naissances pratiquée par la population agricole française, réponse au morcellement accentue en cette période d'exode et de dépression l'affaiblissement rural. Les différences régionales permettent de combler Les manques de main d'oeuvre relative (Bretagne vers Normandie, Sud Ouest).

    L'imbrication des statuts sociaux: Les paysans français au cours de cette phase de déclin démographique gagnent donc en homogénéité et en force sociale relative puisque leurs rangs sont allégés des éléments Les plus pauvres, fragiles ou dépendants. Si les petits propriétaires en faire-valoir direct sont les plus nombreux (75%), ils n'exploitent que 53% de la surface agricole. Le reste étant loué en fermage ou métayage sous forme d'exploitations nettement plus grande (>10 ha) car appartenant à des propriétaires bourgeois ou nobles. Les crises agricoles ont même pu inciter à un repli autarcique sur la polyculture familiale Les agriculteurs Les plus dépendants du marché.

    La France des terres loués s'étend sur le quart nord-est, celle des bourgeoisies urbaines rentières ou de la noblesse rurale résistante. S'y ajoute la France du métayage (Landes, Sud Ouest en partie). La France des petits propriétaires exploitants est centrale, de l'Est ou Sud Est, viticole et culture spécialisé mais aussi polyculture de subsistances dans Les terres pauvres.

    ....

    2-L'insertion dans l'espace républicain.

    L'école: A la fin du Second Empire, la ligne de l'alphabétisation Saint-Malo/Genève est encore bien réel. L'effacement du contraste est définitif avec la IIIe République. L'unification en cours des paysans de toute la France à travers un savoir minimal cesse d'en faire une catégorie à part de Français: « passage du paysan au citoyen français » (E. Weber). Français doit s'entendre dans un double sens: liés à la nation française par des droits et devoirs (instruction; conscription, vote) et surtout imprégnés de la culture officielle française. Si l'on tient compte de cette définition, une écrasante majorité de paysans étaient étrangers au moment de la proclamation de la République. Héritière de la Révolution et de son combat contre Les patois, la République fait de l'école nouvelle l'instrument de lutte contre ce facteur d'isolement par rapport au régime. Cette double intégration linguistique et scolaire est difficile car intervient dans des zones défavorables: pays pauvres, habitats dispersés et mal reliés, parfois fortement cléricalisé, où l'école laïque a du mal à s'implanter (Morbihan).

    Au contraire, les campagnes acquises aux nouvelles lumières de l'école républicaine comptent parmi Les bastions de soutien au régime. L'école devient une institution reconnue comme nécessaire par Les paysans à partir du moment où les progrès matériels, l'entrée de l'agriculture dans l'économie d'échange, font ressentir l'instruction non comme une culture imposée mais comme un instrument de promotion sociale. Mais a mesure que la culture scolaire fait partie du bagage universel de la communauté paysanne, sa non-possession devient un stigmate social supplémentaire, voire un handicap, renversement par rapport à l'ancienne situation où l'instruction était un privilège un peu suspect. L'école républicaine est à la fois la France et la ville introduites au coeur du village alors même que ses manuels donnent une image idéalisée de la France paysanne éternelle.

    Chemins qui ne mènent nulle part: ...

    Nouvelles venues d'ailleurs: le journal, la poste, l'armée: Les paysans ont à présent des points de comparaison extérieurs grâce à la diffusion des quotidiens et mes lettres (fils à l'armée, connaissance devenu urbaine). Tous ces éléments de la modernité entretiennent évidemment les liens de causalité circulaire. Ils font boule de neige pour aboutir à la participation politique réelle dans le nouvel espace républicain. Des jouranux quotidiens engagés vendu au numéro et en provenance des métropole régionale ou départementale sont consultés au café ou en famille et donnent naissance à une opinion publique villageoise en prise à la fois sur Les problèmes locaux et la vie politique départementale.

     

     

     

     

    VIII/L'idéal d'une société démocratique?

     

    Les partisans comme Les adversaires de la République ont toujours eu tendance en raison de la logique manichéenne du discours politique, à accentuer les défauts comme les qualités de ce régime. A droite, le discours de déploration insiste sur le nivellement par le bas impliqué par la démocratie. La démocratie n'aurait pas d'élites,et empêcherait toute tentative de s'élever au dessus de la masse. A gauche, on souligne l'écart entre le programme démocratique et la réalité sociale, le maintien des inégalités, la domination bourgeoise sur Les postes importants, la corruption du parlementarisme, le retard de la législation sociale, l'archaïsme du fonctionnement de l'Etat. Leur divergence tient essentiellement aux points de comparaison choisis et à la surestimation, typiquement française, du rôle de l'Etat et de la politique dans les évolutions sociales.

     

    A/La mesure des inégalités.

     

    1-Fortunes et revenus.

    La société des notables proposait à ceux qui aspirait à en faire partie l'idéal de l'enrichissement personnel gage de l'accès à la notabilité et un statut supérieur. La morale républicaine mais moins l'accent sur la richesse que sur l'épargne et une honnête aisance puisque les avantages liés à la richesse ont disparu. Mais en refusant toute réforme fiscale (impôt sur le revenu voté qu'en 1914), le régime maintient des mécanismes libéraux classiques d'accroissement des inégalités.

    Entre 1902 et 1913, ne moyenne 37% des français sont morts sans aucun bien déclaré. La concentration des fortunes s'est accru par rapport à la Restauration,, plus même que ne le disent les statistiques car la dissimulation est plus simple que précédemment pour Les biens étrangers ou mobiliers. A Paris 4% des plus riches détiennent 67% du total des patrimoines déclarés., Les fortunes intermédiaires ne représentent plus que 30% contre 45% en 1847. L'oligarchie urbaine composée de chefs d'entreprises et de grands propriétaires fonciers est dénoncée dans la littérature polémique, mais reste peu visible pour la masse de la population du fait même de sa concentration. Dans Les régions à dominante rurale, les élites sont composées par des groupes traditionnels (notaires, propriétaires fonciers, grands propriétaires, élites des professions libérales, industriels) avec un étagement des fortunes moindre qu'en ville (Beaujolais, Vaucluse, Pas-de-Calais).

    Les écarts de revenus sont évidemment liés aux écarts de patrimoine, même si l'idéal ancien du rentier oisif ne concerne qu'un minorité. La gestion d'un patrimoine personnel suppose une certaine activité,et Les membres de l'aristocratie pénètrent de plus en plus dans le monde des affaires.

    2-Statuts.

    B/Mobilité et immobilité

    1-Les échanges sociaux.

    2-La porte étroite.


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    Un exemple de débat historiographique: la 1ere Guerre mondiale.

     

    I/Les problématiques changent par ordre chronologique.

     

     

    Dans es années suivant la guerre, la question qui s'est posé c'est le déroulement des opérations militaires. Cela reste une question centrale. Dès le lendemain de la guerre des déclarations officielles ou quasi-officielle entre 1922 et 1939 sont publiées:Les armées françaises dans la Grande Guerre en 34 volumes. De manière quasi officielle Gabriel Hanotaux, historien, a publié une Histoire illustrée de la Guerre de 14 en 17 volumes.

    Pendant la guerre est publiée une histoire continue, Le panorama de la Guerre, publié après la guere où les allemands sont vus comme des bandits.

    Sont ensuite publiés d'innombrables mémoires par les généraux comme Foch, Cherfis...

    Comment expliquer la guerre, qui est responsable des victoires et des défaites? Ex: 1918: victoire à Pétain ou Foch?

    Le haut commandement a-t-il commis des fautes majeures? Ex: bataille de Charleroi 21 au 23 Août 1914: cela aurait pu être évitable. Fin Août 14, le général Lanrezac qui le 25 août a ordonné à son armée de se replier sans l'accord de son supérieur. Cela lui coûte sa carrière mais aurait quand même sauver la France.

    Depuis 35 ans, l'étude de ces questions militaires c'est effondrée dans les manuels scolaires. On néglige les opérations militaires excepté peut être Verdun. => Rupture des années 1970-1980.

     

    II/Qui est responsable de la Guerre?

    C'est une question posée très tôt, avec une version officielle imposé par le traité de Versailles en 1919: article 231 considère l'Allemagne comme responsable.

    Pierre Renouvin publie une Histoire de la diplomatie française dès 1925 avec les Origines immédiates de la Guerre.

    Jules Isaac écrit Malet (décédé pendant la guerre) avec une partie sur Les problèmes des origines de la guerre.

    C'est un sujet polémique, avec l'opposition de 2 thèses:

    -Les allemandes comme le dit le Traité de Versailles

    -franco-russes: russes pour écraser le mouvement révolutionnaire et la France pour ne pas rompre l'alliance sous l'impulsion du Président de la République Poincaré.

    On insiste sur les milieux nationalistes et pan-germaniques en Allemagne. L'influence aurait cependant été limitée, mais le pan-germanisme est plus populaire que le nationalisme en France. Sur cette question est paru un ouvrage contesté, par Fisher qui a travaillé d'après les archives allemandes de la Willem Strabe: l'Allemagne aurait cherché délibérément le conflit en 1914 en poussant l'Autriche-Hongrie, sans pour autant penser que le conflit deviendrait mondial. Autriche Hongrie aurait du vite écrasé la Serbie et si cela devait déclencher un conflit mondial, tant pis.

     

    III/Déroulement de la guerre du point de vue des combattants.

    Comment ont-ils tenus? Qu'est ce qui les a fait tenir? Les témoignages sont nombreux avant même la fin de la guerre par des combattants avec des souvenirs parfois romancé pour atténuer les choses. Ex: Henri Barbusse publie en 1917 Le feu est un livre pacifiste publié pendant la guerre.

    Roland Dorgelès publie les Les croix de bois qui est un énorme succès mais qui ne gagnera pas le prix Goncourt.

    Dans les années 1930 paraissent des compilations de témoignages. Ex: 1932, La guerre racontée par les combattants. Se pose des questions de crédibilité car des contradictions voient le jour.

    L'ouvrage de Jean Nortoncru, universitaire français bilingue; dans les années 1930 paraît un énorme ouvrage témoin qui est une critique très minutie, puis un témoignage dans une version plus courte. Il a fait la guerre, certains s'en valorisant ou inversement.

    Dans les années 1970 et après il y eut un décalage très nette avec la publication d'un certain nombre de témoignanges de personnes non connus qui auraient tenus des carnets. C'est une nouveauté. L'un des tout premiers Les carnets de Louis Barthas, tonnelier de métier, homme du SO, mobilisé ayant fait la guerre en première ligne à 38 et 39 ans, militant socialiste qui faisait son devoir. Devant le succès, on se mit à déterrer les carnets et les souvenirs en France et ailleurs, ainsi que des lettres de combattants pour montrer l'opposition à la guerre. Les lettres étaient souvent interceptés par la poste: Les poilus ont la parole de Nicot montre que dans les toutes dernières semaines de la guerre il y eut un affaiblissement du moral car personne ne voulait être le dernier mort.

     

    IV/Dans les années 1960 et après.

     

    Éclosion des thèses universitaire sur des points particuliers comme Pedroncini Les mutineries dans l'armée française, révolutionnant l'image de l'armée française.


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